mercredi 11 mars 2015

Jacques Gautier nous a quitté

Nous nous souviendrons longtemps du 9 Mars 2015: Cet après midi de fin d'hiver, Jacques Gautier disparaissait pour toujours. Il avait marqué son temps, laissant à chacun le souvenir de son sourire permanent, sa jovialité et sa voix de basse qu'on ne pouvait oublier.

Je ne peux m'empêcher de reporter quelques échanges que j'avais pu avoir avec lui le 17 Novembre dernier. Il m'avait confié quelques photos; certaines sont reproduites


La Pécaudière, avant 1940 aujourd'hui disparue
ici pour illustrer ses propos. Sa soeur Thérèse m'en avait fourni d'autres. Jacques avait été un photographe averti. Il avait eu un appareil photo assez jeune, et cet art était devenu une passion; malheureusement impossible de retrouver ses clichés; une partie de l'histoire de Parçay doit être déposée sur ses pellicules!

Jacques descendait de vieilles familles Parcillonnes; la famille Gautier par son père Marcel, la famille Tulasne par sa mère Geneviève. "Les Tulasne possédaient la ferme de la Pécaudière, d'où ils furent expulsés par les allemands en 1941 pour l'agrandissement du camp d'aviation. La famille avait déjà subi les lois de la guerre précédente; Léon Tuslane parti au front en 1914 (il avait 34 ans) laissait la ferme à son épouse et ses trois filles (Geneviève 11 ans, Jeanne 8 ans et Elisabeth 5 ans) Elles surent gérer la ferme durant toutes les années de guerre!"


Jacques suivit les classes de l'écoles privées de Parçay-Meslay, 
Les enfants de l'école avant la guerre de 1940. Jacques le plus grand déguisé en militaire. 


.La société Musicale était très active personnellement, à partir de 1943, j’y jouais aussi du trombone: mon père qui présidait à la Société m’avait poussé à prendre cet instrument car nousmanquions de trombones.Durant la guerre, il arrivait que les allemands viennent nous écouter lors des répétitions. Je me rappelle une fois où cela c’est mal passé; Aimé Proust jouait avec nous; il s’était échappé d’Allemagne et se cachait à Parçay.
 Lors d’une répétition où il était là, un allemand entre dans la salle. Panique;; Aimé Proust voulait tuer le militaire, nous l’en avons empêché… la répétition fut stoppée.
Les Allemands avaient besoin pour leur avions de grande quantité d’essence qu’ils stockaient dans les caves de Parçay. Mon père possédait une camionnette elle nous était nécessaire pour alimenter l’épicerie familiale. Nous chapardions un peu d’essence allemande. Lorsque nous allions à Tours, par crainte d’être contrôler nous laissions parfois la camionnette au sommet de la tranchée.
 Château Meslay et grange en Aout 1944. Les Allemands avaient stocké des explosifs, bombes… dans les sous-sols du château de Meslay propriété de Mr Lefèvre. Le jour du départ des Allemands en Aout 1944, l’officier Allemand vint voir Mr Lefèvre, lui tendit la main pour le saluer avant de partir ; Mr Lefèvre garda ses mains dans ses poches, ou les mit dans son dos refusant la main tendue. L’officier Allemand, vexé, lui dit « Vous vous souviendrez de moi ! ». Un peu plus tard le dépôt de munitions sous la maison sautait pulvérisant le château et endommageant la toiture de la grange voisine
après l'explosion la toiture de la grange a perdu ses tuiles

la couverture du porche est aussi endommagée

le château de Meslay a été pulvérisé par l'explosion des munitions stockées dans son sous-sol
Jacque fera parti du commité de libération, à la fin de la guerre. "On m’avait donné un fusil et 5 balles avec comme mission de garder la grange de Meslay et les restes du château détruit lors du départ des allemands (voir les photos prises par Jacques elles sont remarquables). Une nuit j’étais en train de dormir dans une pièce proche du porche. Je me réveille, entends du bruit et sans réfléchir, d’instinct, je mets une balle dans le canon et je tire au hasard… heureusement il n’y avait personne, j’aurais pu tuer n’importe qui par erreur. Il était d’ailleurs ridicule de me donner cette mission : j’ai le sommeil si profond que, lorsque je suis endormi rien ne me réveille !"
Jacques à la fin de la guerre, assis sur des bombes allemandes

La Société Musicale il y a quelques années

Jacques fut de ceux qui initièrent la création d'une chorale à Parçay Meslay. Aussi longtemps que sa voix le permit il fut un membre actif, son épouse Jacqueline l'accompagnait. Nous avons tous une pensée pour elle, ses enfants et petits enfants

2014 Une année de Transition

L'année 2014 était mal engagée: notre chef de choeur Cécile André nous avait quitté pour profiter d'une opportunité professionnelle. Malheureusement son remplacement s'avéra difficile et 2013 se termina dans inquiétude; la chorale fut incapable de mettre en place le concert de Noël bien que traditionnel à Parçay Meslay. Il en fut de même pour le concert de printemps. Mais notre galère finit par se transformer en espoir lors de l'arrivée de Marion Paillissé, notre nouvelle chef de chœur. Quel bonheur; elle nous apportait son enthousiasme, sa compétence, son dynamisme et sa gentillesse. Nos ennuis étaient derrière nous, nous revivions; cela ce traduisit tout d'abord par la motivation des adhérents; nous nous retrouvions aussi nombreux qu'aux beaux jours de notre groupe. Pour effacer le passé le concert de Noel revivait, puis celui de printemps 2015. Nous voilà, de nouveau, sur notre chemin parsemé de chanson! Le Chœur d'Aœdé repartait pour de nouveaux horizons.
Marion Maillissé
Le concert de Noel 2014 dans l'église st Pierre, à Parçay Meslay
Mais l'année 2014 fut aussi une année marquée par la disparition de plusieurs d'entre nous. 
La première fut Annette Serrault; bien que habitant Rochecorbon, elle venait avec beaucoup de plaisir retrouver une camaraderie qu'elle appréciait manifestement. Des problème de santé, l'avait éloignée momentanément; tous nous espérions son retour, mais l'échéance finale nous surpris tous. Elle laissait un époux et une fille Delphine; nous leur souhaitons bon courage.
Annette Serrault était parmi nous lors du concert de Noel 2011
2014, vit aussi partir Geneviève Deniau. Geneviève avait participé aux premières manifestations qui avaient conduit à la création du Chœur d'Aœdé. Il faut dire que dans sa famille on aime la musique. Son fils Michel préside à la Société Musicale de Parçay depuis fort longtemps, son petit fils Stéphane suit les pas de son père en tant que musicien de cette harmonie; sa fille Chantal (Gaultier) s'est investie dans le chœur d'Aœdé en même temps que sa maman. Mais attrapée par la maladie Geneviève vit sa capacité de déplacement de plus en plus limitée. Elle dut abandonnée sa participation active, mais toujours passionnée elle ne ratait jamais une manifestation où apparaissait sa chère chorale... Maintenant elle ne viendra plus nous entendre, mais je suis sûr que, là où elle est, nos chants l'atteignent.
Geneviève Deniau lors du concert à Vernou en 1993