Enfin ... !!!
mardi 9 novembre 2021
La santé avant tout !
"Le travail c'est la santé" chantait Henri Salvador. Et bien figurez-vous que le chant aussi, sans doute même bien davantage.
Des gens très sérieux se sont penchés (sans tomber!) sur cette affaire. En voici quelques échos.
Sciences - Carte blanche à Sylvie CHOKRON
« Pousser la chansonnette, en particulier au sein d’une chorale,
pourrait bien avoir des vertus très précieuses à tout âge »
La science s’est penchée sur les nombreux bienfaits du
chant, qui fait travailler les muscles comme le cerveau. Dans sa carte blanche
au « Monde », Sylvie Chokron, chercheuse en psychologie, attribue la
note maximale à cette activité.
Publié le 26
mai 2021 à 12h00 - Mis à jour le 26 mai 2021 à 12h07
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Fredonner
une chanson est une activité bien plus complexe qu’il n’y paraît. D’un point de
vue purement physique, le chant met en jeu l’appareil vocal et le système
respiratoire et favorise une respiration abdominale lente et profonde qui
influence en retour le système cardio-vasculaire et le système nerveux
autonome. Mais chanter, même sous sa douche, active également l’audition, la
motricité, ainsi qu’un réseau important d’aires cérébrales, situées dans les
deux hémisphères et impliquées dans la mémoire, le langage, la motivation, le
plaisir, les relations sociales ou encore l’attention.
C’est ainsi
que les recherches dans des domaines aussi divers que la psychologie clinique,
la psychiatrie, la gériatrie, la neuropsychologie, la neurologie, le traitement
de la douleur ou encore la neuro-imagerie suggèrent que la musique est une
source importante de joie, d’apprentissages, de bien-être, et qu’une chanson ou
un morceau de musique doivent être vus comme des stimuli positifs et
polyvalents pour notre cerveau.
On sait
aussi qu’en temps de crise, comme pendant la pandémie de Covid-19, les
personnes confinées ou en quarantaine ont eu besoin, pour alléger leur solitude
et pour exprimer et partager leurs émotions, d’écouter de la musique et de
chanter ensemble, même si cela exigeait d’elles de s’installer à leur fenêtre,
sur leur balcon, ou encore de se connecter à des logiciels de visioconférence.
Et cela n’est sans doute pas une lubie liée à la situation sanitaire car
pousser la chansonnette, en particulier au sein d’une chorale, pourrait bien
avoir des vertus très précieuses à tout âge.
Emmi Pentikäinen et ses collègues de l’université d’Helsinki ont ainsi recruté trois groupes de sujets âgés de plus de 60 ans. Un groupe de 48 sujets chantant dans une chorale depuis plus de dix ans, un groupe de 52 sujets ayant rejoint une chorale depuis moins de dix ans et un groupe de 56 sujets n’ayant jamais pratiqué le chœur.
L’ensemble de ces participants a été soumis à une batterie de tests neuropsychologiques ainsi qu’à des questionnaires évaluant la qualité des interactions sociales et l’appréciation de leur état de santé général. Les résultats, publiés dans "Plos One" en février 2021, montrent clairement un avantage pour les membres d’une chorale en ce qui concerne les fonctions exécutives verbales, et rapportent des interactions sociales ainsi qu’une qualité de vie plus élevées pour eux que pour les sujets contrôles.
Au diapason
De manière tout à fait complémentaire, les travaux de Kyle M. Jasmin et de ses collègues des universités de Londres et de Californie, publiés en 2016, ont montré que, lorsque l’on aligne parfaitement sa parole sur celle d’une autre personne, comme lorsque l’on chante ensemble, cette synchronisation est interprétée par notre cerveau comme si nous écoutions la voix de quelqu’un d’autre plutôt que la nôtre. C’est ainsi que le chœur pourrait renforcer les relations sociales, puisqu’il est tout à la fois perçu comme la production de chaque individu mais également du groupe, dont les cerveaux sont parfaitement synchronisés.
Mais il pourrait y avoir un autre effet purement hormonal. En effet, Daisy Fancourt et ses collègues du Royal College of Music de Londres ont testé, en 2016, des patients atteints de cancer, des aidants et des aidants endeuillés. Ils ont montré que le chœur était à même de réduire dans tous les groupes de sujets le niveau de cortisol, et donc de stress et d’émotions négatives, et d’augmenter le niveau d’émotions positives et d’ocytocine, hormone bien connue pour son rôle dans l’attachement, les relations amicales et amoureuses.
Sur le plan cognitif, Elizabeth Stegemöller, de l’université de l’Iowa et ses collègues ont par ailleurs confirmé le bénéfice des chorales même chez des patients atteints de maladies neurologiques chroniques comme la maladie de Parkinson. Chez ces patients, chanter en groupe a permis d’améliorer non seulement la fonction respiratoire et la phonation mais également la qualité de vie, après seulement huit semaines de chorale. Il ne nous reste donc plus qu’à espérer que nous pourrons à nouveau joindre notre voix à celles de nos amis pour célébrer la prochaine fête de la musique et panser ainsi les plaies physiques et morales de l’année passée, tout en choyant notre cerveau au rythme de douces mélodies fredonnées en chœur.
Sylvie Chokron (Directrice de recherches au CNRS, Laboratoire de psychologie de la perception, université Paris-Descartes et Fondation ophtalmologique Rothschild)
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